Point de vue sur l’IA Générative
L'IA générative dans les ESN, synonyme de gain de productivité, mythe ou réalité ?
Dans cet article, Jean-Louis Vila, CTO et Directeur associé de Coexya, explore les impacts réels de l’intelligence artificielle sur la productivité des développeurs, en démystifiant les idées reçues et en proposant une analyse pragmatique des gains et des défis liés à l’adoption de l’IA dans le développement logiciel.
L’IA générative dans les ESN, synonyme de gain de productivité, mythe ou réalité ?
Voila la question à laquelle je suis confronté de façon récurrente depuis 1 an en tant que CTO d’une ESN. Bien que j’ai un peu de mal à quantifier la prestation intellectuelle, je me suis prêté à l’exercice.
Certains annoncent la fin des développeurs, d’autres leur paupérisation ou des gains de productivité délirants … Bref, comme toute nouvelle technologique, face à l’inconnu cela provoque des réactions surréalistes accompagnées d’un marketing affuté le tout agrémenté de l’instinct de conservation qui, en somme toute, est tout naturel dans ce contexte. Afin de prendre un peu de recul, je pars d’un constat simple : à chaque avancée scientifique universelle (i.e. qui concerne la majorité des humains), naturellement, nous raisonnons sur la base du monde d’avant alors que, bien souvent, il y a de façon explicite ou plus subtile, un changement de paradigme. C’est pour cela, qu’à l’affirmation « Avec l’IA, il y aura un grand gain de productivité et donc une baisse des coûts de production. ». Je réponds simplement « Oui, vous avez raison pour la productivité et cela dépend pour la baisse des coûts ». Naturellement, immédiatement après, la question « A combien vous l’estimez ? » arrive. Je réponds simplement « entre 5 et 15% » pour les personnes qui utilisent l’IA. Une forme de déception sur le visage de mon interlocuteur est perceptible.
Mais j’enchaîne en proposant une base de raisonnement différente, certes pas nouvelle, mais qu’il est bon de rappeler. L’IA générative est votre assistant virtuel, votre exo-cortex qui :
- Parle votre langue ;
- A une mémoire que vous n’aurez jamais ;
- Réapprend et se spécialise ;
- Permet de “Think out of the box” sans prendre de substances illicites 😉
- N‘a pas de conscience n’y d’état d’âme…
Dans le monde des développeurs, c’est un « pair programmer virtuel » capable de :
- Fournir des tests unitaires contextualisés et sémantisés qui dépassent largement le simple templating ;
- Générer sur la base d’expression écrite ou orale des objectifs ;
- Suggérer ;
- Corriger des erreurs / exceptions ;
- Détecter de bugs potentiels ;
- Proposer des optimisations ;
- Expliquer ;
- Transcoder ;
- Apprendre ;
- + tout un tas d’autres choses réservés aux ingénieux qui gagneront encore plus de temps
Pour tout cela, il faut interagir. Il est alors aisé de comprendre pourquoi j’estime à 5 à 15% de gain de productivité et pas plus car cette interaction coute … du temps. CQFD !
Cependant, encore une fois, d’autres aspects doivent être considérés :
- L’amélioration de la qualité et la couverture des tests unitaires a minima ;
- La réelle « présence » d’un pair programmer (cela n’interdit en rien de solliciter les humains 😉.
A ce jour, quantifier l’amélioration de la qualité est délicat et je ne m’y lancerai pas encore sans avoir plus d’éléments. En revanche, pour les aficionados de quantification, si on raisonne sur le « pair programmer », voilà une projection que je vous laisserai apprécier et commenter :
Gain/Economie = (coût du pair programmer humain) – (Coût du pair programmer virtuel)
Si on raisonne pour un ingénieur débutant/débrouillé en France/province avec un coût de production de 150 € / jour et 20% d’un ETP pour le « pair programmer » alors sur un an, cela représente environ 44 jours soit 6 540€ et si on soustrait 1 000 € pour l’assistant virtuel par an, cela donne 5 540 € d’économie.
Pour une ESN de 500 développeurs, cela représente 2 790 000 € pour une année. Je vous laisse conclure mais hésiter c’est retarder l’inéluctable !
