Point de vue sur la blockchain et la traçabilité
Faire de la blockchain un maillon fort du processus de traçabilité
Alain Broustail, directeur des activités blockchain et traçabilité chez Coexya, a récemment été invité par un journaliste des Techniques de l’Ingénieur à présenter son point de vue sur l’usage de la blockchain pour améliorer la traçabilité dans l’industrie. Nous proposons ici, un résumé de son intervention.

La traçabilité : d’une contrainte à un levier de compétitivité
Dans un environnement industriel soumis à de fortes pressions économiques et réglementaires, la traçabilité s’impose aujourd’hui comme bien plus qu’une obligation. Elle devient un outil stratégique pour optimiser les processus de production, renforcer la qualité des produits, valoriser l’image de marque et se différencier sur des marchés de plus en plus concurrentiels.
« Une bonne gestion de la traçabilité est avant tout un prérequis pour maîtriser ses méthodes de fabrication et identifier des leviers d’optimisation dans toute la chaîne de valeur », explique Alain Broustail.
La traçabilité des produits, longtemps cantonnée au respect des normes, doit désormais aussi être vue comme un facteur de croissance du chiffre d’affaires, notamment en facilitant la réponse aux appels d’offres, en renforçant la confiance des consommateurs et en accélérant la mise sur le marché de nouveaux produits.
Un contexte réglementaire en forte évolution
Les exigences en matière de traçabilité se sont renforcées sous l’impulsion de nombreuses réglementations récentes :
- CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive)
- Lutte contre la déforestation (règlement européen)
- Directive sur la Corporate Sustainability Due Diligence (CSDDD)
- Passeport Numérique des Produits prévu pour 2027
« Au-delà du déclaratif, les industriels doivent désormais être capables de prouver leurs allégations : origine des matières premières, impact carbone, respect du droit social », précise Alain Broustail.
Dans ce contexte, disposer d’une traçabilité fiable et vérifiable devient un impératif pour accéder aux marchés européens et répondre aux attentes croissantes des consommateurs et des partenaires commerciaux.

La blockchain : un pilier de confiance pour la traçabilité
Si la blockchain ne remplace pas les systèmes classiques de gestion de la traçabilité, elle peut devenir un élément clé permettant de garantir l’intégrité des données.
- Immuabilité : Les informations enregistrées dans une blockchain sont horodatées et ne peuvent pas être modifiées a posteriori sans laisser de traces.
- Sécurisation : L’architecture distribuée limite les risques de falsification et de manipulation des données.
- Fiabilité : Les données partagées entre différents acteurs deviennent plus transparentes et vérifiables.
« En renforçant la confiance dans les données collectées, la blockchain permet de passer d’un système déclaratif à une véritable preuve numérique », souligne Alain Broustail.
Bien intégrer la blockchain dans un projet de traçabilité
Pour tirer pleinement parti de la blockchain dans un projet de traçabilité, Alain Broustail partage plusieurs conseils stratégiques :
- Commencer par définir les objectifs métiers : éviter de partir de la technologie pour construire le projet. L’enjeu reste l’optimisation du processus, pas l’innovation technologique pour elle-même.
- Capitaliser sur les retours d’expérience : de nombreux projets pilotes et cas d’usage existent désormais, offrant de précieux enseignements sur les bonnes pratiques et les écueils à éviter.
- Comparer les solutions du marché : il est essentiel d’évaluer les avantages des plateformes blockchain SaaS existantes par rapport à des développements sur mesure, en fonction des besoins spécifiques.
- Rester vigilant sur le choix des partenaires : privilégier des solutions éprouvées et des éditeurs fiables plutôt que de suivre les effets de mode.
- Accompagner le changement : réussir un projet de traçabilité implique de former et d’impliquer tous les acteurs de la chaîne de valeur.
« La blockchain est un ingrédient puissant pour sécuriser la traçabilité, mais ce n’est qu’une partie du gâteau. Une approche globale, alliant expertise métier, rigueur réglementaire et pédagogie, reste la clé du succès », conclut Alain Broustail.